« Je suis encore ministre de l’Économie et des Finances. Ma responsabilité, c’est de garantir la continuité de l’État de garantir l’équilibre des finances publiques. » Bruno Le Maire veut rester jusqu’au bout aux manettes du pilotage des dépenses publiques, alors que plusieurs risques budgétaires se profilent pour les prochains mois. Ce 11 juillet, il annonce prendre de nouvelles décisions pour tenir l’objectif d’un déficit public à 5,1 % du PIB. Mais leur mise en œuvre n’est pas garantie.
En février, le gouvernement a déjà annulé 10 milliards d’euros par décret, conséquence de rentrées fiscales bien moins bonnes qu’espéré fin 2023, et récolté 5 milliards de recettes supplémentaires avec le rehaussement de la fiscalité sur l’électricité en début d’année. Il reste 10 milliards d’euros de mesures à appliquer pour respecter sa trajectoire budgétaire détaillée dans le programme de stabilité du printemps.
Il va envoyer un « courrier de notification à tous les ministères de leur plafond de dépenses », lequel « va marquer une réduction de dépenses pour tous les ministères de 5 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale », a-t-il précisé ce jeudi. « Si un prochain gouvernement, dans 15 jours, ou dans un mois, veut dégeler les crédits, il a tout le loisir de les dégeler », a précisé le locataire de Bercy. « Je tiens les objections qui sont les nôtres, tant que le gouvernement est en fonction ».
« Plus la période d’incertitude politique dure, plus l’impact économique est lourd »
Le ministre demande toujours deux milliards d’euros d’effort aux collectivités locales, face au constat d’une « forte augmentation » de leurs dépenses. Sans aucune garantie de succès, étant donné le principe de libre administration des collectivités. « Je veux mettre chacun devant ses responsabilités. Chacun doit contribuer au rétablissement des finances publiques », a-t-il indiqué.
Troisième élément visant à redonner un peu de marge pour l’exercice 2024 : une taxation des profits des énergéticiens, pour un montant attendu 3 milliards d’euros. Là aussi, le produit reste purement virtuel pour l’instant. La nouvelle version de la contribution sur les rentes inframarginales (CRIM) ne peut s’appliquer rétroactivement sur 2024, qu’après avoir été adoptée dans le budget 2025. « Je prépare la décision. À charge pour la prochaine majorité de la voter ».
Pour le ministre, cette série de mesures sont « indispensables » pour tenir la trajectoire fixée au printemps dans le cadre du programme de stabilité. Bercy identifie des « risques » dans les mois à venir, en particulier « l’immobilisme économique » lié à l’incertitude politique actuelle. Le ministre de l’Économie et des Finances redoute également un « risque de dérapage sur les dépenses de la Sécurité sociale » et des recettes fiscales moins élevées que prévu au second semestre. « Plus la période d’incertitude politique dure, plus l’impact économique est lourd. On est sur quelques milliards d’euros », a affirmé le ministre.
Alors que chaque bloc poursuit ses négociations pour tenter de faire émerger une coalition au Parlement, Bruno Le Maire a profité de l’occasion pour dénoncer à nouveau le programme du Nouveau Front populaire. « Le projet économique du Nouveau Front populaire représente un danger vital pour la France », a-t-il assené, le qualifiant d’ « irréaliste » et de « spoliateur ».