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Augmentation de 10 % des prix de l’électricité : « Il faut siffler la fin » du bouclier tarifaire, estiment les sénateurs LR

Les ministères de l’Économie et de la Transition énergétique ont annoncé une augmentation de 10 % des prix de l’électricité pour les ménages et les petites entreprises à compter du 1er août. Une première étape « raisonnable », selon les sénateurs LR, pour sortir du bouclier tarifaire.
Thomas Fraisse

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Le 1er août sonnera la première étape de la sortie du bouclier tarifaire. À cette date, synonyme de mise à jour semestrielle des tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité qui dicte les prix des fournisseurs sur le marché, le gouvernement a choisi d’appliquer une hausse de 10 % sur les prix de l’électricité, soit environ +160 euros par an par ménage selon les calculs du gouvernement. Cette hausse ne s’appliquera, toutefois, qu’aux ménages et aux petites entreprises « raccordés à un compteur d’une puissance jusqu’à 36 kilovoltampères », précise le cabinet ministériel.

Après une première hausse en février de 15 %, les prix ont donc globalement augmenté de 31 % depuis 2021. Un chiffre qui reste bien inférieur aux tarifs réels de l’électricité sur les marchés. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les prix de l’électricité ont bondi de 35 % en 2022 et doubleront en 2023. « On est donc largement en-dessous », note Christine Lavarde, sénatrice LR de la commission des finances et auteure d’un rapport sénatorial sur le bouclier tarifaire en juin dernier. D’ailleurs, la CRE préconisait même une augmentation de 74,5 % des TRV en août. Ainsi, si Bercy entrouvre la porte à une sortie progressive du bouclier tarifaire, le gouvernement reste tout de même au chevet des Français. Selon le rapport de Christine Lavarde, la France a déjà creusé un trou de 85 milliards d’euros, entre l’ensemble des dispositifs de lutte contre la crise inflationniste et le manque-à-gagner en termes de recettes fiscales lié à l’assouplissement des règles à direction des entreprises.

« Le bouclier tarifaire a complètement caché le signal-prix »

« Il faut être raisonnable. On a tourné le dos aux réalités », s’offusque Jean-François Husson (LR), rapporteur général de la commission des finances. Pour le sénateur et sa collègue Christine Lavarde, il est grand temps d’arrêter le robinet. « Ce n’est pas un dispositif ciblé donc tout le monde en a bénéficié, quand bien même certains pouvaient payer l’électricité au tarif du marché. Ce n’était donc pas un dispositif efficace pour les finances publiques », avance Christine Lavarde. Pour cette dernière, pendant deux ans, les milliards investis par l’État pour venir en aide aux personnes affectées par l’inflation a en réalité eu un effet pervers de signal-prix. Cette notion, purement économique, définit la régulation d’un prix par un pouvoir public en dépit des jeux de l’offre et de la demande. Ainsi, ici, en maintenant un prix plus faible que la réalité du marché, le gouvernement aurait incité les Français à consommer de l’énergie alors que l’un des défis pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 est de réduire cette consommation.

« Le fait d’avoir mis un bouclier tarifaire a complètement caché le signal-prix. Donc ça n’a pas eu un effet incitatif pour diminuer les consommations d’électricité », se désole donc Christine Lavarde. Jean-François Husson complète : « Je comprends qu’il faille intervenir lors d’une crise. Il faut surtout éviter de faire croire à nos concitoyens que tout est un dû. Le ‘quoi qu’il en coûte’ a installé dans l’esprit des Français le sentiment qu’il y avait de l’argent même lorsqu’il n’y en avait pas. Il faut siffler la fin de la partie ».

De l’autre côté de l’hémicycle, le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis Fabien Gay est affligé par les annonces du gouvernement. « Arrêtons ! On a 15 millions de personnes en situation de précarité énergétique dans ce pays ». « Alors même que les coûts de production de notre système électrique sont stables, cette énième augmentation porte à plus de 80 % la hausse du prix de ce bien essentiel en près de 10 ans, ce qui portera la facture d’électricité à un peu plus de 1850 euros par an et par foyer en moyenne », calcule le groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste dans un communiqué. Face à cette hausse, Fabien Gay évoque même un « scandale », qui n’est pas documenté dans les médias français. « L’an dernier, l’application du bouclier tarifaire, du filet de sécurité, c’est 42 milliards d’euros d’argent public. Ce sont nos impôts, qui ont financé les énergéticiens pour appliquer ce bouclier. Ces mêmes énergéticiens touchaient l’ARENH à 42 euros et l’ont revendu jusqu’à 400 euros sur les marchés européens ! C’est un racket en bande organisée », s’énerve-t-il. Concrètement, face à l’utilisation du bouclier tarifaire à des fins spéculatives, Fabien Gay déplore que le gouvernement puisse maintenant exiger aux ménages de mettre la main à la poche, au détriment des moins aisés.

Une nouvelle cure d’austérité ?

Plus largement, cette première étape de la sortie du bouclier tarifaire s’inscrit dans une dynamique de réduction des dépenses publiques. Ce dimanche soir, le document préparatoire au budget pour l’année 2024, contenant les plafonds de dépenses du prochain projet de loi de finances, a ouvert la porte à une baisse de la dépense publique française hors intérêts de la dette publique. Une première depuis 2015, qualifiée « d’historique » par le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal. Les crédits pour l’année prochaine devraient ainsi se situer aux alentours de 356 milliards d’euros, soit une baisse de 4,8 milliards par rapport à cette année.

« Depuis plusieurs années, on martèle que l’on doit passer par une baisse des dépenses publiques si on souhaite s’en sortir », estime catégoriquement Christine Lavarde. Son collègue Jean-François Husson redoute lui la réaction des Français. « Le débat public s’annonce compliqué. À partir du moment où vous déversez sans compter des milliards, certains ne comprendront pas ce revirement de situation ». Pour Fabien Gay, une nouvelle cure d’austérité, après deux années de « quoi qu’il en coûte » et de bouclier tarifaire, n’est plus seulement qu’un fantasme libéral mais une réalité qui se profile. « On va reprendre l’austérité, c’est-à-dire moins de services publics. Ce sera moins dans l’éducation, moins dans le logement, moins dans les hôpitaux… Par contre, les cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises on n’a pas entendu qu’on allait les diminuer. Ce sera toujours moins pour les gens qui en ont vraiment besoin ».

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