« Cela tombe bien. » Face aux sénateurs ce 7 mai, le patron de la SNCF savoure l’occasion qui lui est donnée de se défendre. L’audition, habituelle sous ce format chaque année devant la commission de l’aménagement du territoire, était programmée depuis plusieurs jours. Hasard du calendrier, un communiqué du gouvernement est tombé le matin même : le mandat du PDG, qui n’aurait atteint la limite d’âge qu’en juillet 2025, ne sera pas renouvelé au-delà de la période des Jeux olympiques.
Pour plusieurs sénateurs, le président-directeur général joue le rôle du « fusible ». Voilà plusieurs jours que le ministre de l’Économie et des Finances manifeste son mécontentement après la signature d’un accord sur les fins de carrière, entre la direction et quatre syndicats représentatifs. Bruno Le Maire estime que l’accord n’est « pas satisfaisant à [ses] yeux » et parle d’un « dysfonctionnement ». « Un accord est signé qui engage effectivement les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF. Je n’ai pas été averti », avait-il pesté la semaine dernière sur BFMTV.
« Un bon accord qui ne contourne pas la loi sur les retraites »
« Ma conviction, c’est que c’est un bon accord qui ne contourne pas la loi sur les retraites », a réagi devant la commission sénatoriale le dirigeant d’entreprise. Avant de préciser que le coût est « raisonnable », « avec de vrais bénéfices pour l’entreprise ».
En matière de méthode, Jean-Pierre Farandou a affirmé que le processus avait été « transparent » et « non caché ». Le chef d’entreprise a rappelé que « les pouvoirs publics » avaient demandé, à l’automne 2023, d’engager des négociations sur la cession progressive d’activité, dans les carrières « liées à la pénibilité ». « On peut donc considérer que le gouvernement est au courant qu’on engage une négociation au moins dans son principe, puisqu’il nous le demande », s’est exclamé Jean-Pierre Farandou, avant d’ajouter que l’État, des membres de la haute administration de Bercy étaient représentés au sein du conseil d’administration du groupe. C’est dans ce contexte que l’accord de 2008 a été renégocié.
Le PDG du groupe SNCF a par ailleurs indiqué que les négociations avaient été évoquées à l’occasion d’une interview dans Le Monde, en février. « Je ne comprends pas les accusations d’opacité, de manque de transparence ou de manque d’information. »
Interrogé sur le coût du « compromis » trouvé avec les représentants du personnel, Jean-Pierre Farandou a précisé que les deux volets de l’accord coûteront à la SNCF 35 millions d’euros, soit « 0,3 % de la masse salariale ». Le PDG a pris l’engagement devant les sénateurs à « compenser le coût, sans le répercuter sur les prix des billets et à préserver les marges de l’entreprise ». « Il ne coûtera rien au contribuable », a-t-il insisté.
Rappelant que « 91 000 cheminots » tiennent un emploi reconnu comme pénible, que ce soit en raison des contraintes physiques ou des horaires décalés, le patron de l’entreprise ferroviaire a défendu la nécessité de réaménager les fins de carrière, en matière de reconversion, mais aussi de perspectives de rémunérations avec le recul de l’âge légal de départ. Pour Jean-Pierre Farandou, ces différents volets de l’accord sont importants tant pour les salariés de la SNCF et de leurs conditions de travail, tant pour les usagers. « Tout cela est positif pour nos clients. Nos agents participent à la production de services. Ce n’est pas la même chose, s’ils ne sont pas en forme, ou engagés. »