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Accord en Martinique : « Nous portons une solution à la vie chère », affirme le sénateur Frédéric Buval

Après avoir interpellé le ministre des Outre-Mer François-Noël Buffet lors des questions aux gouvernement mercredi 9 octobre, en proposant des mesures de réduction des prix, Frédéric Buval, sénateur Renaissance (RDPI) de la Martinique, se dit « satisfait » de l’accord qui vient d’être trouvé entre de nombreux acteurs et salue le bon déroulement des discussions. Entretien.
Rédaction Public Sénat

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Au bout de sept tours de négociations, un accord pour lutter contre la vie chère en Martinique a été signé mercredi 16 octobre par les représentants locaux, les distributeurs et les transporteurs. Dans un communiqué, le préfet de la Martinique Jean-Christophe Bouvier indique que le prix de 54 familles de produits baissera de « 20 % en moyenne ». D’autres mesures ont été annoncées, telles qu’une TVA à « taux nul » pour de nombreux produits alimentaires et la réduction des frais d’acheminement. L’Etat s’engage aussi à favoriser la « transparence » des prix et « l’autonomie alimentaire ».

Avec des prix 40 % plus élevés qu’en métropole en moyenne, la Martinique est en proie depuis début septembre aux manifestations dénonçant le coût de la vie. A l’origine des protestations, le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC) n’a pas signé l’accord et appelle à la poursuite du mouvement.

Entretien avec Frédéric Buval, sénateur RDPI de Martinique.

 

Est-ce que l’accord sur la vie chère peut apporter des solutions pour la Martinique ? En êtes-vous satisfait ?

Quand de nombreux acteurs, les distributeurs, les grossistes, tous ceux qui gravitent autour de la distribution alimentaire, ainsi que l’Etat, les parlementaires ainsi que la collectivité territoriale de la Martinique arrivent à un accord et quand cet accord comprend des garanties, des vérifications régulières pour assurer la transparence des prix notamment, nous portons ainsi une solution qui assure une réduction de la vie chère.

Il y a eu de nombreuses avancées, avec un fonds pour la continuité territoriale de 11 millions d’euros qui a été obtenu. Les distributeurs et grossistes ont accepté de geler leurs marges pour faire bénéficier le pouvoir d’achat également. Il y a notamment un autre sujet très important qui est celui des agriculteurs martiniquais et l’Etat va, en urgence, donner 2 millions d’euros dès 2025 en soutien à l’agriculture locale.

Toutes ces discussions font que nous allons continuer une réflexion, qui est déjà en cours, sur l’autonomie alimentaire. Et c’est pour cette raison que nous avons décidé de rester sur 7000 produits essentiels concernés par cette baisse de prix, de façon à protéger le développement économique de la Martinique et de ne pas pénaliser l’économie locale.

Que pensez-vous de la position du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC) qui appelle à continuer les manifestations ?

 

Je rappelle que, comme cela a été énoncé dans le protocole d’accord signé, ce sont des mesures d’urgence, mais que la discussion va continuer. Ils souhaitent en effet porter la baisse de prix à l’ensemble des produits et continuent les manifestations. Nous sommes d’accord pour continuer la discussion sur l’ensemble des positions, ce n’est qu’une étape.

 

La question de la vie chère en Martinique est aussi plus large notamment sur le prix très élevé des billets d’avion, qu’est-ce que vous souhaitez voir mis en place ?

 

Le sujet de la vie chère alimentaire est la priorité des priorités. Maintenant, la vie chère n’est pas seulement une question alimentaire. Elle est une problématique pour tout ce qui est consommé en Martinique pour l’achat d’un véhicule neuf et sa réparation par exemple. Les prix sont beaucoup plus élevés qu’en métropole et notamment 200 % plus élevés pour les prix des pièces détachées. Nous demandons après cette réflexion, de se mettre autour de la table pour lister tous les sujets qui nous empêchent d’être à égal de l’Hexagone, ou juste un peu en dessous.

Dans le cadre du plan de continuité territoriale la Corse a ainsi été dotée de 187 millions d’euros par an depuis 2009, budget augmenté de 33 millions d’euros en 2022, alors que la même année pour l’ensemble des Outre-mer, la dotation n’était que de 53 millions d’euros. Je demande que des dispositifs qui sont appliqués ailleurs soient aussi mis en place en Martinique.

 

Le climat social est-il moins tendu en Martinique ?

 

Je pense qu’il y a une communication pédagogique à mettre en place pour que la population comprenne que les élus et les acteurs ont fait de gros efforts pour résoudre cette problématique. Tout n’a pas été fait, je pense que cette communication doit se mettre en place, pour partager et échanger avec la population. C’est important.

Nous sommes tous conscients qu’il faut continuer ce combat-là, cette réflexion, ce n’est pas en un mois que nous allons régler tous les problèmes de la Martinique.

Je remercie les sept tables rondes de négociations, où chacun a pu défendre ses idées dans le très fort respect mutuel, mais aussi avec fermeté et conviction. Cette façon de travailler doit aussi infuser dans la population. Il faut que l’on comprenne que ce n’est pas dans la violence que l’on règle nos problématiques en Martinique. Chacun doit prendre ses responsabilités dans ce sens et continuer les discussions.

Propos recueillis par Coralie Moreau

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