Comme à la suite de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a martelé sa volonté « d’accélérer » sur un sujet considéré comme global, la réindustrialisation. Une accélération de circonstance compte tenu de l’agenda chargé avec notamment un déplacement à Dunkerque le 12 mai en marge de l’implantation d’une usine de batteries électriques. Le sommet « Choose France », destiné à attirer des investisseurs étrangers, se déroulera le lundi 15 mai à Versailles tandis que le projet de loi sur l’industrie verte sera présenté en conseil des ministres le 16 mai. Tout ça après la publication d’un classement par le cabinet de conseil EY considérant la France comme étant le pays d’Europe le plus attractif pour les investisseurs étrangers.
Partant du constat de l’accélération du changement climatique, de l’innovation technologique et de la montée des tensions géopolitiques, le président de la République a voulu faire de la réindustrialisation un élément essentiel de la résistance à ces accélérations. Le message envoyé était clair, la réindustrialisation est un sujet global qui touche autant l’emploi que la protection de l’environnement ou l’éducation.
Politique macroéconomique de compétitivité et stimulation des investissements
Sans évoquer certains écueils majeurs à cette réindustrialisation comme l’acceptabilité sociale de certaines installations d’usines, le chef de l’Etat a présenté quatre piliers soutenant l’action publique menée pour la réindustrialisation. Le premier volet porte sur le développement d’une politique macroéconomique de compétitivité visant notamment à réduire les impôts sur les entreprises et sur certains ménages. « On était pour l’industrie mais pour complexifier le droit du travail, ça ne marchait pas. On ne peut pas continuer de déplorer les conséquences dont on chérit les causes », explique Emmanuel Macron pour qui l’adoption de la flat-tax en 2017 ou de la réforme des retraites s’inscrit dans cette logique. Une politique qui cherche à favoriser l’investissement, deuxième pilier. Deux éléments connexes, sur lesquels le président de la République a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte qui doit générer jusqu’à « 20 milliards d’investissements d’ici 2030 », notamment dans le secteur des batteries, des pompes à chaleurs ou des panneaux solaires..
Une action européenne
Devant Thierry Breton, commissaire européen à l’industrie, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance du changement de paradigme réalisé à l’échelle de l’Union européenne. « C’est une petite révolution doctrinale que l’on a conduit ces dernières années. L’Europe ne parlait qu’aux consommateurs, elle avait une politique de concurrence et commerciale », affirme le président de la République en se réjouissant de l’assouplissement ou de la modification de plusieurs législations européennes. « On a adapté nos règles d’aides d’Etat pour permettre de décarboner, d’investir et d’avoir une politique industrielle pleinement adaptée », précise Emmanuel Macron. Ce dernier annonce également un assouplissement des règles européennes de commande publique afin de pouvoir favoriser la production européenne. En ce sens, le président de la République a promis une réforme du bonus écologique à l’achat d’une voiture électrique et donc favoriser la production européenne.
« Faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme »
Dernier pilier, la stratégie territoriale doit permettre de faciliter l’implantation des sites et le développement de formations sur l’ensemble du territoire. Pour cela, 700 millions d’euros seront utilisés pour « faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme » au plus près des métiers en tension. Par ailleurs, Emmanuel Macron a insisté sur le besoin de faciliter l’implantation de sites industriels grâce à l’implication des services de l’Etat notamment sur la réutilisation des friches industrielles pour lesquelles la banque des territoires mettra un milliard d’euros à disposition.