Culture : Industrie du Cinema en Crise

Violences sexuelles dans le cinéma : la sénatrice Monique De Marco propose des mesures législatives

Depuis une semaine et les révélations de l’actrice Judith Godrèche sur les agressions sexuelles qu’elle aurait subies de la part de plusieurs réalisateurs, le sujet des violences sexistes et sexuelles dans le cinéma revient sous le feu des projecteurs. C’est un sujet duquel la sénatrice écologiste Monique De Marco, et sa collègue Mathilde Ollivier, se sont emparées à l’occasion d’une proposition de loi, débattue au Sénat ce soir.
Mathilde Nutarelli

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Comment traduire le #MeToo du cinéma français dans la loi ? A l’heure où le témoignage de Judith Godrèche a relancé des vagues de témoignages de violences sexistes et sexuelles subies dans le milieu du cinéma, c’est le pari que font deux sénatrices écologistes, Monique De Marco et Mathilde Ollivier. Elles se saisissent de l’examen au Sénat d’un texte sur la filière cinématographique pour déposer des amendements en ce sens.

Des amendements déposés avant les révélations de Judith Godrèche

Dans une tribune parue dans Le Monde le 12 février dernier, les deux sénatrices appelaient à des « réponses législatives » aux « femmes du cinéma ». Quelques jours avant les révélations de Judith Godrèche des agressions sexuelles dont elle aurait été victime par Benoît Jacquot et Jacques Doillon, Monique De Marco a déposé des amendements à une proposition de loi transpartisane visant à renforcer la filière cinématographique en France, discutée en séance ce soir. La sénatrice voulait mettre le sujet des violences sexuelles et sexistes au cinéma « sur le devant de la scène ». « Il y a très peu de textes sur le cinéma, c’était l’occasion de faire avancer le texte sur la parité », explique-t-elle à publicsenat.fr. Sa démarche a donc été justifiée, quelques jours plus tard, par ce qui est déjà appelé le « #MeToo du cinéma français ».

Des mesures pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma

La proposition de loi visant à renforcer la filière cinématographique en France est issue d’un rapport sénatorial de Céline Boulay-Espéronnier, Sonia de la Provôté et Jérémy Bacchi, remis en mai 2023. Le texte prévoit entre autres de subordonner les aides versées par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à une rémunération minimale des acteurs, et de les moduler en fonction du respect de critères environnementaux.

Les amendements de la sénatrice De Marco sont de trois ordres : elle propose d’une part de faire figurer explicitement le respect la parité dans les missions du CNC. Elle propose d’autre part de former tous les professionnels à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Elle propose enfin de retirer les subventions versées par le CNC aux sociétés de production, en cas de condamnation pour violences sexistes ou sexuelles lors d’un tournage.

« C’est dommage que lors de la première lecture en commission, personne n’ait compris ma demande »

A la grande déception de la sénatrice, en commission, ses propositions avaient été rejetées. « Je suis très surprise », se désole-t-elle, « c’est dommage que lors de la première lecture en commission, personne n’ait compris ma demande ». Mais depuis, les témoignages d’actrices se succèdent et la tribune que Monique De Marco a signée avec Mathilde Ollivier est parue dans Le Monde. Les avis ont un peu changé. « Réflexion faite, les membres de la commission sont un peu revenus [sur leur rejet des amendements] », explique-t-elle. Ce matin en effet, la commission de la culture se réunissait pour examiner les amendements présentés en séance ce soir et émettre un avis. Elle a ainsi émis un avis favorable à l’amendement de la sénatrice visant à retirer les subventions du CNC en cas de condamnation pour agression sexiste ou sexuelle. « Cependant, les amendements sur la parité ont été repoussés », regrette-t-elle. Elle les défendra tout de même dans l’hémicycle ce soir.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

696px-Logo_Public_Sénat_(2019)
2min

Culture

Présidence de Public Sénat : qui sont les deux candidats retenus ?

Après le départ le mois dernier de Christopher Baldelli en cours de mandat, le Sénat a lancé le processus de sélection du futur PDG de la chaîne parlementaire, Public Sénat. Deux candidatures ont été retenues pour une audition devant la commission de sélection. Le futur président directeur de la chaîne sera désigné fin janvier.

Le

Violences sexuelles dans le cinéma : la sénatrice Monique De Marco propose des mesures législatives
4min

Culture

« J’aime l’illusion que le cinéma puisse changer le monde » confie Jean-Pierre Darroussin

À l'heure où certains artistes hésitent à s'engager dans le débat public, lui assume de parler politique et a choisi son camp : celui de la gauche. Devant la montée des mouvements populistes, aux Etats-Unis ou en France, et le mépris des élites culturelles, l'acteur tire la sonnette d'alarme. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Darroussin dans l’émission « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le

Violences sexuelles dans le cinéma : la sénatrice Monique De Marco propose des mesures législatives
3min

Culture

Angelina Bruno : « mes proches m'ont vu comme une handicapée, pour moi j'étais une survivante »

En août 2024, elle a dansé aux côtés de l’artiste Lucky love, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris. Avant ça, elle a intégré la tournée du rappeur Black M. Rescapée d’un accident de la route et amputée d'un bras, la culture hip hop lui a offert une renaissance. Le regard sur les personnes en situation de handicap, le pouvoir réparateur de la danse pour se reconstruire sont autant de sujets qu’elle évoque dans un livre, Danser pour survivre (éd du Rocher). Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit la danseuse Angelina Bruno dans l’émission « Un monde, un regard ».

Le