« Si vous l’Occident, vous ne venez pas nous aider, nous les Afghans qui faisons bouclier humain contre les terroristes internationaux, demain ils seront dans vos villes. » 23 ans plus tard, la phrase prononcée par le général Massoud résonne plus que jamais dans la mémoire de Chékéba Hachemi.
Pour celle qui fut la première femme diplomate afghane en poste au parlement européen, la menace terroriste a ressurgit depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021 « Je suis là pour dire à nos démocraties occidentales jusqu’à quand on va avoir une espèce de lâcheté ? Face à des terroristes, un régime fondamentaliste, on ferme les yeux. » regrette-t-elle.
Depuis retour des Talibans, l’Afghanistan, « est un pays où règle la peur et la terreur », un laboratoire pour le djihadisme et un pays qui a déclaré la guerre aux femmes affirme aujourd’hui celle qui est à la tête d’ONG. « Du jour au lendemain, on est parti, on les a laissés, la femme qui apprenait deux jours avant le code informatique. Aujourd’hui elle n’a même plus le droit de sortir, ni de faire entendre le son de sa voix au sein de sa maison, qui risque d’être lapidée si on la voit avec un autre homme. »
L’impossible sauvetage des femmes
Combattante de la liberté, elle se bat sur le terrain politique et humanitaire. Rise up, l’association qu’elle a co-fondé, apporte une aide humanitaire aux femmes afghanes. Le nerf de la guerre selon Chékéba Hachemi. « Pour pouvoir se lever, rester debout, manifester, et se rebeller, il faut avoir de la nourriture dans le ventre et pouvoir nourrir ses enfants ». « Sauver des femmes, ce n’est pas un mon métier », reconnaît-elle. « Ça demande une énergie de dingue, des contacts pour pouvoir en sortir une. Il y en a vingt-huit millions, laquelle choisir ? Quelle prof, quelle avocate, quelle juriste, quelle journaliste. C’est très compliqué. »
Lutter chaque jour la liberté
Lutter pour s’émanciper est presque un sacerdoce pour Chékéba Hachemi. « La petite fille que j’étais n’a pas eu vraiment le choix. » Issue d’un milieu privilégié, elle doit elle-même fuir l’Afghanistan par la montagne à l’âge 11 ans. Menacé par un passeur, elle se promet qu’il y aura un après. « Je me suis dit : si tu ressors vivante de là, transmets tout ça aux autres ». L’après pour elle, c’est la France, son « deuxième pays ». De son exil d’Afghanistan, Chékéba Hachemi en garde une urgence à agir. « Il n’y a pas un soir où je ne me regarde dans le miroir et où je me demande : s’il t’arrive quelque chose demain, est-ce que tu as aidé ? ». L’autrice de l’Insolente de Kaboul, a toujours l’insolence de ne pas se résigner.
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