Pour informer, elle a échappé à la mort une bonne douzaine de fois. Aujourd’hui, elle revient sur les moments qui ont marqué sa carrière dans un livre, Maman s’en va t’en guerre(ed.du Rocher). Sa condition de femme reporter de guerre dans un milieu historiquement masculin, sa volonté de concilier métier et maternité ou ses combats féministes ; la reporter de guerre Dorothée Olliéric se raconte au micro de Rebecca Fitoussi, cette semaine, dans « Un monde, un regard ».
Riad Sattouf : « Mon père adulait Jean-Marie Le Pen ou Pinochet »
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Si l’humour est la politesse du désespoir, chez Riad Sattouf, la bande-dessinée est une politesse pour raconter des histoires parfois dures. Moi, Fadi, le frère volé, raconte un drame. Celui de Fadi, le frère cadet de Riad Sattouf, kidnappé à l’âge de trois ans par son père, et ramené de force en Syrie. A hauteur de petit garçon, Fadi se raconte à travers les planches dessinées par son frère. Pour Riad Sattouf, cet album est l’occasion de combler les blancs, de retracer la vie de ce frère « fantôme », avec lequel il n’a pas vraiment grandi. « Il était présent dans ma vie en tant que personnage. Je projetais tout le temps, je me souvenais de ce que j’avais vécu en Syrie et je me disais, il doit vivre ça à tel âge », se remémore l’auteur.
« Les névroses de mon père m’ont permis de voir des choses, que les autres ne voyaient pas »
Dans Moi, Fadi, le frère volé, Riad Sattouf questionne aussi, sans jamais juger, la figure de son père, déjà au centre de L’Arabe du futur. Un père atypique, de plus en plus brutal, qui franchit une ligne rouge en enlevant son fils et fait imploser un équilibre familial déjà précaire. Un père syrien fasciné par les figures d’hommes forts, qui « adule les dictateurs arabes ». « Assez tôt il m’a fait penser au personnage d’Alcazar dans Tintin, cynique et noir. Il adulait Saddam Hussein, Jean-Marie Le Pen, ou Pinochet, il était vraiment d’extrême-droite. »
Ce que Riad Sattouf garde de ce père ? « Une passion pour le piment », répond-t-il plein d’ironie. Avant d’ajouter, plus sérieusement. « Par ses névroses, j’ai eu la chance de voir des choses que tout le monde n’a pas vu, j’ai été dans une petite école en Syrie, ça me donne un regard sur le monde parfois différent. »
« Je n’ai pas l’impression de m’être policé »
Un livre personnel. « Quand j’ai représenté les gens de mon village, j’ai raconté les souvenirs tels que je les avais ». Riad Sattouf y revendique une liberté de ton totale. « La façon dont je représente le monde arabe, ça choque des gens, mais j’évite d’y penser. Je n’ai pas l’impression de m’être spécialement policé. Je me dis que les gens qui lisent des livres sont intelligents, que mes lecteurs sont intelligents. »