Numérotation de la TNT : l’Arcom penche pour la constitution « d’un bloc de chaînes d’info », indique Roch-Olivier Maistre

Rapprocher la numérotation des chaînes d’information est l’une des pistes privilégiées par l’Arcom, dans le cadre du renouvellement des licences de la TNT en 2025. Roch-Olivier Maistre, le président de l’Agence de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, était auditionné par le Sénat ce mercredi 16 octobre.
Romain David

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Deux qui sortent et deux qui rentrent. L’Arcom, l’instance de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, a dévoilé en juillet sa présélection pour le renouvellement de l’attribution de 15 canaux de la TNT, faisant sortir deux éditeurs historiques, C8 et NRJ12, à la faveur de deux nouveaux acteurs : Ouest France TV et RéelsTV. Les autorisations d’émission doivent être délivrées d’ici la fin de l’année, probablement début décembre. Mais ce jeu de chaises musicales devrait aussi s’accompagner d’un changement partiel de la numérotation des chaînes.

« La question centrale, c’est la constitution d’un bloc de chaînes d’information. Le régulateur considère avec attention cette option », a fait savoir Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, auditionné ce mercredi 16 octobre par la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat. En clair, des chaînes comme BFMTV, LCI ou franceinfo pourraient être dorénavant regroupées dans une même suite de canaux.

« La question de la numération sera tranchée quand le processus arrivera à son terme, vraisemblablement au début du mois de décembre, pas avant. Le régulateur le fera en ayant en tête ce que la loi lui demande de faire : prendre en compte l’intérêt du public », a expliqué Roch-Olivier Maistre. « L’intérêt du public c’est deux choses : le confort matériel du maniement de sa télécommande et de l’organisation des programmes, ne pas aller à la pêche de façon complexe. Je rappelle que la population qui regarde la TNT est plus proche de ma génération que de celle de mes enfants », a souligné ce haut fonctionnaire. « Et puis il y a les habitudes du téléspectateur, qu’il ne s’agit pas de chambouler. »

La disparition de C8

Au cours de cette audition, le président de l’Arcom a été vivement interpellé par le sénateur LR Max Brisson sur le rejet du dossier de renouvellement des chaînes C8 et NRJ12. « C8 réunit chaque jour près de 3 millions de téléspectateurs, la chaîne et ses programmes sont largement plébiscités par le grand public […]. Sa disparition et celle de NRJ12 ne risque-t-elle pas d’impliquer une perte importante de l’attractivité audiovisuelle, notamment auprès des jeunes générations que nous savons moins portées sur la télévision ? Or C8 et NRJ 12 réunissent ce cœur de cible », s’est-il ému.

« N’est-ce pas l’universalité de la TNT qui se trouve menacée ? Se pose la question de l’adéquation de la décision prise par l’Arcom avec l’intérêt du grand public et j’ajouterais, l’intérêt de tous les territoires », a encore argué Max Brisson.

« Le régulateur a appliqué dans cette affaire les critères posés par la loi : le critère du pluralisme, offrir une pluralité d’acteurs dans notre paysage audiovisuel », a défendu Roch-olivier Maistre, rappelant notamment que le groupe Canal, propriétaire de C8, dispose toujours du plus grand nombre de fréquences sur la TNT, avec six canaux. « Le deuxième critère c’est l’intérêt du public : les chaînes de divertissement ont toute leur place, elles sont représentées sur la TNT, mais l’intérêt d’avoir une trentaine de chaînes nationales c’est d’offrir un panorama le plus diversifié possible et c’est ce critère que l’on a pris en compte », a encore expliqué le patron de l’Arcom.

« Et puis il y a un critère qui n’est pas négligeable, que je me permets de rappeler ici, que le législateur a mis dans la loi : c’est le respect par les éditeurs de leurs obligations », a également voulu pointer Roch-olivier Maistre. « Les fréquences sont un bien public, elles ont la particularité d’être attribuées gratuitement, en contrepartie de cette gratuité, la loi fixe un certain nombre d’obligations. Nous demandons tout simplement aux éditeurs de respecter ces obligations. Le régulateur n’est pas dans son rôle s’il ne tire pas à un moment ou un autre les conséquences. » Une référence à peine voilée aux nombreuses sanctions dont « Touche pas à mon poste », l’émission de Cyril Hanouna, programme phare de C8, a écopé au cours des dernières années. Plus de 7,6 millions d’euros selon un décompte réalisé par le Huffpost.

Un montant qui interroge les élus : « On a parfois le sentiment que certains ont finalement intérêt à faire un coup médiatique, à payer une amende, et que ce montant ne soit pas suffisamment important pour que les manquements identifiés cessent », a réagi la socialiste Colombe Brossel.

« Les montants ont sensiblement progressé parce qu’il y avait, pour certains manquements, des répétitions graves », a répondu Roch-Olivier Maistre. « J’ai le sentiment que les sanctions portent leur effet, et je pense que les décisions que nous prenons sur l’appel à candidature ont fait et feront passer un message aux éditeurs sur la détermination du régulateur à faire respecter les obligations posées par la loi. »

Quel avenir pour la réforme de l’audiovisuel public ?

Interrogé sur l’avenir de l’audiovisuel public, le président de l’Arcom appelle à renforcer les coopérations entre les entités sans aller jusqu’à parler de fusion. « Le service public ne peut pas rester dans le statu quo et regarder passer les trains comme-ci de rien n’était », explique-t-il. « Ma conviction, au regard de ce que sont les groupes audiovisuels à l’étranger, c’est que cela passera par une réorganisation. Je pense qu’il faut un pilote dans l’avion, un patron qui portera une vision stratégique renouvelée souhaitée par l’Etat, pour ensuite la décliner de manière efficace dans l’organisation de l’entreprise. »

Un projet de fusion des médias de l’audiovisuel public, au sein d’un paysage devenu ultra-concurrentiel, défendu par la ministre de la Culture Rachida Dati, a été percuté par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Le devenir de cette réforme est désormais incertain.

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