Pour informer, elle a échappé à la mort une bonne douzaine de fois. Aujourd’hui, elle revient sur les moments qui ont marqué sa carrière dans un livre, Maman s’en va t’en guerre(ed.du Rocher). Sa condition de femme reporter de guerre dans un milieu historiquement masculin, sa volonté de concilier métier et maternité ou ses combats féministes ; la reporter de guerre Dorothée Olliéric se raconte au micro de Rebecca Fitoussi, cette semaine, dans « Un monde, un regard ».
Malcolm X / Martin Luther King : deux visions de la cause noire irréconciliables ?
Par Rebecca Fitoussi
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Quand l’un prônait l’autodéfense, l’autre appelait à ne pas rendre les coups. Quand l’un rejetait tout dialogue avec les autorités américaines blanches et chrétiennes, l’autre devenait un partenaire privilégié du Président Kennedy. Dans les années 1950/1960, la cause noire a deux têtes aux Etats-Unis.
Malcolm X, porte-parole de Nation of Islam (mouvement nationaliste noir), incarnation de la colère afro-américaine après 4 siècles de discriminations et d’attaques psychologiques. « J’ai commencé à comprendre que toutes ces choses qui m’étaient arrivées quand j’étais plus jeune, venaient du harcèlement psychologique, de cette manipulation qui consistait à nous faire croire qu’on était inférieurs. », raconte Peter Bailey, militant proche de Malcolm X. Le leader a sauvé de nombreux jeunes de la délinquance et de la toxicomanie en promouvant l’islam qu’il a découvert en prison, en leur apprenant à être fiers d’eux et fiers d’être noirs, raconte la militante Evelyn Neal. « Malcolm X a presque à lui tout seul, transformé la perception raciale que les noirs avaient d’eux-mêmes ». Le leader ne faisait confiance à aucun Blanc, encore moins aux médias qu’il accusait de déformer ses propos.
L’approche de Martin Luther King fut diamétralement opposée. Les médias, il décide au contraire de s’en servir pour diffuser les images de son approche non-violente lors des différentes marches et manifestations qu’il organise. « La méthode de la résistance pacifique est peut-être l’arme la plus efficace à la portée des peuples opprimés dans leur lutte pour la liberté ». Déclaration du révérend jugée absurde dans les ghettos du Nord, « stratégie du faible » répondra Malcolm X. C’est pourtant cette méthode qui permettra à Martin Luther King d’obtenir l’arrêt de la ségrégation dans les bus de l’Alabama, Etat du Sud. C’est aussi cette méthode qui lui fera gagner la bataille de l’image lors des violentes repressions de la campagne de Birmingham en 1963, lorsque l’Amérique découvrira hébétée, que la violence vient de la police armée de chiens et de lances à incendies et non des manifestants parmi lesquels se trouvaient femmes et enfants. C’est enfin cette méthode qui donnera lieu à l’organisation de la grande marche pacifique du 28 août 1963 et qui débouchera sur ce discours historique : « I have a dream ». Coup de maitre pour les uns, « farce », « pique-nique », « cirque » pour les autres et notamment pour Malcolm X.
Les deux leaders seront assassinés avant d’avoir pu ou voulu débattre. L’Histoire ne retiendra qu’un cliché les réunissant et se serrant la main avec le sourire, une photo décrite comme le symbole d’une réconciliation de deux visions opposées du combat pour la cause noire. Réconciliation factice ? C’est l’historien James H. Cone qui résume peut-être le mieux les choses : « Nous avons tous un peu de Martin et de Malcolm en nous. »
Retrouvez le documentaire « Martin Luther King/ Malcolm X : deux rêves noirs » le 25 août à 22h puis en replay sur notre site internet ici.
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