Pour informer, elle a échappé à la mort une bonne douzaine de fois. Aujourd’hui, elle revient sur les moments qui ont marqué sa carrière dans un livre, Maman s’en va t’en guerre(ed.du Rocher). Sa condition de femme reporter de guerre dans un milieu historiquement masculin, sa volonté de concilier métier et maternité ou ses combats féministes ; la reporter de guerre Dorothée Olliéric se raconte au micro de Rebecca Fitoussi, cette semaine, dans « Un monde, un regard ».
« La compétition entre les filles, c’est une invention du patriarcat » lâche Imany
Par Axel Dubois
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On pourrait la prendre pour une chanteuse américaine, tant elle manie mélodieusement les mots et les charmes de la langue anglaise : « Ma culture musicale est avant tout anglo-saxonne », confie-t-elle. Quoi de plus naturelle pour une artiste inspirée par les plus grandes voix américaines que de préférer Shakespeare à Molière : « Le Français est une langue qui supporte très mal le premier degré. En Anglais on peut chanter qu’on coupe des tomates dans sa cuisine : ça sonne, le groove est presque plus important que le sens. » affirme-t-elle. Une différence qui tiendrait à « l’exigence du Français » selon elle, qui « supporte mal la médiocrité ».
Une enfance au tempo militaire
« N’importe quoi, on n’est pas venus des Comores ta mère et moi pour que tu sois chanteuse ! » : c’est à peu près comme cela que son père aurait réagi s’amuse-t-elle. Ce rêve d’enfant qui détonnait dans l’ambiance militaire familiale, elle le gardera longtemps dans un coin de sa tête avant d’en faire un métier, n’en déplaise à ses parents : « J’ai toujours voulu être chanteuse, je le savais très tôt ».
À l’internat de jeunes filles où elle passe une large partie de sa scolarité, l’ambiance n’est pas non plus à la rêverie : « On vous apprend à devenir une bonne épouse ». Des années qu’elle regarde aujourd’hui d’un œil amusé, bien qu’« ultra-révoltée » lorsqu’elle en sort : « On était quand même contents du cours de tartes aux pommes, il faut pas croire. Et c’est pas mal maintenant quand je reçois les gens chez moi ».
L’indépendance
Puis il y eut un livre : Les Mémoires d’une jeune fille rangée, de Simone de Beauvoir. Une révélation, un choc : « A 14 ans, je comprends que je ne suis pas obligée d’être maitresse dans l’art de passer la serpillère et faire la vaisselle, que mon destin n’est pas d’être l’épouse de quelqu’un, que ma destinée est beaucoup plus entre mes mains que je ne le crois » confie-t-elle. Ce féminisme inaltérable, elle le tire de ces années-là, ces années auprès des femmes : « Je ne connais que la sororité moi. La compétition entre les filles, je n’ai jamais connu ça, c’est une invention du patriarcat » lâche-t-elle.
A 17 ans, repérée dans le métro, elle se lance dans le mannequinat. Occasion pour elle de s’émanciper et partir vivre à New York, dont elle ne reviendra que 9 ans plus tard. Des années de mannequinat, de petits boulots, mais surtout de musique : « Aux Etats-Unis c’est mon apprentissage, mon déclic. Je commence à prendre des cours de chants, à apprendre à écrire des chansons – je ne connaissais rien du tout de la musique ». Ces années américaines, c’est en France qu’elle les mettra à profit : « Mon temps à New York était terminé. La France commençait à me manquer, et ma famille aussi. ». Animée d’une foi inébranlable, elle se baptise « Imany » – « ma foi » en arabe – et se lance : « J’ai dû faire toute seule avec ma sœur à l’époque (…) créer des opportunités, des show-cases entre nous, avec le peu d’argent que j’avais, jusqu’à ce qu’un producteur me repère et me signe. ». Très vite le succès, les tournées s’enchainent, et sa carrière prend une envergure internationale. Preuve que “des voix atypiques, dites d’homme, peuvent toucher les gens”, à l’image d’une Tracy Chapman.
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