Pour informer, elle a échappé à la mort une bonne douzaine de fois. Aujourd’hui, elle revient sur les moments qui ont marqué sa carrière dans un livre, Maman s’en va t’en guerre(ed.du Rocher). Sa condition de femme reporter de guerre dans un milieu historiquement masculin, sa volonté de concilier métier et maternité ou ses combats féministes ; la reporter de guerre Dorothée Olliéric se raconte au micro de Rebecca Fitoussi, cette semaine, dans « Un monde, un regard ».
Joséphine Baker, première star noire d’origine américaine, « prête à donner sa vie » pour la France
Par Marie Bremeau
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Nous connaissons tous Joséphine Baker, danseuse, chanteuse, femme noire américaine, exilée en France. La femme libre avait conquis le tout Paris dans les années folles, faisant salle comble dès 1925 au théâtre des Champs-Elysées.
Mais derrière l’artiste s’est toujours cachée la combattante. Engagée depuis longtemps dans la lutte contre le racisme, dont elle fut victime tout au long de sa vie, Joséphine Baker, dès 1939, s’engagea au service de la France Libre, deux ans après avoir acquis la nationalité française. « Je ne demandais qu’une chose, servir le pays à l’égard duquel j’ai toujours eu une dette de reconnaissance. La France a fait de moi ce que je suis, en marge de tous les préjugés. J’étais prête à lui donner ma vie. »
« Le combat pour les droits civiques amenait à l’antifascisme »
Ainsi, la vedette de 34 ans passe des mots aux actes. Un engagement qui sonne comme une revanche pour celle qui est revenue traumatisée d’un séjour dans son pays d’origine. « Cette guerre représente un tel tournant, probablement le voyage en Amérique quelques années auparavant y est pour quelque chose. Elle avait été politiquement attaquée par des leaders noirs qui l’avaient mise au défi. On lui avait demandé : « Et toi, que vas-tu faire pour les droits civiques ? Es-tu toujours une star superficielle, futile et égocentrique, ou bien as-tu plus à proposer ? Tu as une dette à payer ! »
« Lors de sa visite en Amérique, la question se posait en termes de race. Mais le combat pour les droits civiques amenait à l’antifascisme. Si bien que quand elle est rentrée en France, il a fallu qu’elle repense son rôle là-bas aussi », raconte Margo Jefferson du New York Times.
Derrière la vedette, une combattante
Et la Seconde Guerre mondiale donne l’occasion à Joséphine de franchir le pas, et de s’engager encore plus dans le combat. Elle devient espionne pour la France libre. A plusieurs reprises, elle se met en danger, voyage dans des pays hostiles en cachant dans ses partitions des plans d’installations allemandes dessinés à l’encre invisible.
Espiègle et courageuse, l’artiste joue de sa notoriété pour tromper l’ennemi. « Ça peut aider d’être Joséphine Baker. Les douaniers m’ont fait de grands sourires et m’ont réclamé des papiers mais c’était des autographes. Et voilà, j’avais transmis les plans comme une lettre à la poste. »
L’action clandestine révèle Joséphine à elle -même. Derrière la vedette, se cache une combattante au service d’idéaux. Après la guerre, elle se retirera dans sa propriété dans le sud de la France en Dordogne. Un château où elle accueillera douze enfants de toutes origines, qu’elle adoptera et qu’elle appellera sa « tribu arc-en-ciel ».
Retrouvez le documentaire « Joséphine Baker, première icone noire » vendredi 18 août à 22h puis en replay sur notre site internet ici.
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