Il a toujours croisé les influences. Elève au conservatoire, celui qui a étudié la musique classique, mélange dans ses compositions des inspirations musicales venues de divers horizons. En 18 albums, celui qui en 2011 s’est vu décerné le titre de « Jeune artiste œuvrant pour le dialogue interculturel entre les mondes arabe et occidental », a toujours assumé une posture de musicien cosmopolite. Sa trompette à quatre pistons -inventée par son père- lui permet d’ailleurs de produire une gamme de tons d’inspirations arabes, africaines ou encore latines.
Si sa musique se veut porteuse d’espoir, il admet cependant que nous vivons « une époque assez compliquée ». Une époque marquée par « la haine », « le terrorisme », le « racisme »… Une situation bien différente de celle connue par ses parents à leur arrivée dans l’hexagone.
Un amour pur de la France
Ibrahim Maalouf voit le jour au Liban, en 1980, dans le chaos d’un pays plongé au cœur de la guerre : « Je suis né dans un hôpital qui était bombardé, au moment où d’autres personnes mouraient autour de moi ». Ses parents font alors le choix de rejoindre la France. S’il admet qu’il aurait aimé rester au Liban, l’artiste décrit son lien avec la France comme un « rapport d’amour pur ». Et pour cause : il considère que la France a « adopté » ses parents à « bras ouverts, avec beaucoup d’amour et beaucoup d’aide ». « Il y a quarante ans, les Français étaient extrêmement sensibles à l’idée d’être un pays d’asile », explique-t-il. Aujourd’hui, il concède que cette solidarité n’a pas totalement disparue, mais dénonce l’inversement des valeurs.
« Il y a une xénophobie complètement assumée aujourd’hui »
Fort de son attachement au partage entre les cultures, Ibrahim Maalouf a notamment plaidé pour plus de diversité au sein des orchestres symphoniques classiques. Une position loin d’avoir fait l’unanimité, dans un contexte où « il y a une xénophobie complètement assumée ». « Aujourd’hui, vous avez même des dirigeants de partis politiques en France qui revendiquent la xénophobie avec ce terme-là », s’indigne-t-il.
Une situation qui s’est « dégradée » si on la compare à l’accueil reçu par ses parents dans les années 1980 : « le regard qu’on porte sur la culture arabe, sur les réfugiés de guerre, n’est plus du tout le même qu’on avait il y a 40 ans », constate-t-il : « aujourd’hui, je pense qu’un immigré arabe n’est plus du tout le bienvenu. »
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