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« Frenchie shore » : une « instruction est en cours » chez les diffuseurs, assure le patron de l’Arcom
Par Romain David
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« On est à la limite de la pornographie ». Fin novembre, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak évoquait dans les colonnes du Parisien l’émission de téléréalité « Frenchie Shore », et dénonçait l’exposition des plus jeunes à des contenus violents et quasi explicites. « Je me garderai bien de commenter les choix des chaînes et des plateformes, mais ce programme est déconseillé aux moins de 16 ans et n’importe qui peut tomber dessus sur les réseaux sociaux comme ça m’est arrivé », pointait la ministre. Elle appelait alors l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) à intervenir, « au titre de la protection des mineurs ». Le problème : cette dernière assure ne pas être compétente en la matière, puisqu’il s’agit d’un programme dont les diffuseurs ne sont pas installés en France.
Auditionné ce mercredi 13 décembre par la commission de la Culture du Sénat, Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, a assuré avoir saisi les autorités concernées. « Dès que l’on a été sensibilisés à cette question, j’ai saisi mes deux homologues des deux pays qui mènent une enquête sur les deux services de diffusion : MTV d’une part, Paramount d’autre part. On a encore eu des échanges hier, cette instruction est en cours pour s’assurer qu’ils se conforment à la réglementation en cours ».
« Les contenus Frenchie shore’tombent sous la définition de la pornographie »
« Frenchie shore » met en scène dix colocataires d’une vingtaine d’années dans une villa du Cap d’Agde. Au programme : fête, alcool, clashs en série, échanges fleuris et corps hypersexualisés… Bref, la recette éculée de nombreux formats de téléréalité, déclinée ad nauseam depuis une vingtaine d’années. Sauf qu’ici, les curseurs ont été poussés au maximum. « ‘Frenchie shore’, en réalité, c’est un format qui est déjà diffusé depuis quinze ans. Il est diffusé par des services de médias à la demande, il portait autrefois une appellation différente, ‘Jersey shore’, puisque l’émission se passait sur l’île de Jersey », explique Roch-Olivier Maistre. Une confusion toutefois de la part du président de l’Arcom : l’émission « Jersey shore », diffusée de 2009 à 2012 sur MTV, se tenait dans l’État américain éponyme du New Jersey et non sur la petite île anglo-normande de Jersey.
« La pornographie c’est l’exploitation commerciale de la représentation explicite de rapports sexuels non simulés. Les contenus ‘Frenchie shore’, finalement, tombent largement sous cette définition », relève la sénatrice centriste Annick Billon, co-auteure d’un rapport sur l’industrie pornographique française, et qui assure que même le président du Sénat, Gérard Larcher, « a été sensibilisé » au sujet de cette émission. « Il y est question d’actes sexuels et d’agressions sexuelles, puisqu’il y a une absence de consentements dans certains contenus », ajoute encore la sénatrice. Une référence au baiser non consenti d’un candidat sur un autre participant, à l’origine d’une violente altercation.
Une production française, financée par des sociétés allemande et tchèque
La version tricolore du programme est produite par Ah ! Production, société de l’animateur Arthur, mais pour le compte de deux diffuseurs étrangers : MTV France, qui contrairement à ce que son nom indique est établi en République tchèque, et Paramount +, dont la société mère se trouve en Allemagne. « C’est effectivement un programme porté par un service hors du territoire français, qui relève de la compétence du régulateur tchèque pour l’un, du régulateur berlinois pour l’autre », précise le président de l’Arcom, à rebours des déclarations de la ministre de la Culture.
Des contenus « viralisés » sur X, Facebook, Instagram et TikTok
Mais dans la mesure où l’accès à « Frenchie shore » est déjà restreint par les plateformes, Roch-Olivier Maistre pointe surtout le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion et la publicité faite autour de courts extraits de l’émission. « Le problème, dans cette affaire-là, ce sont surtout les réseaux sociaux, le fait que les contenus en l’espèce, qui sont interdits aux moins de 16 ans pour l’une (MTV), aux moins de 18 ans pour l’autre (Paramount +), étaient viralisés sur les réseaux sociaux. Nous sommes intervenus auprès des plateformes, aussi bien TikTok, que X (anciennement Twitter) et Meta (propriétaire de Facebook et Instagram) qui ont accéléré leur modération », assure le patron de l’Arcom.
« Mais nous sommes typiquement dans le cas de la régulation des réseaux sociaux », relève encore Roch-Olivier Maistre. « C’est le déploiement du DSA (le règlement européen sur les services numériques, adopté en octobre 2022, ndlr) qui permettra de mieux répondre à cette question. »
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