espace 4

« Dépolluer l’espace sera l’un des plus grands enjeux technologiques de notre siècle »

C’est sujet vertigineux et méconnu, qui pourrait avoir des conséquences majeures sur l’humanité. Au-dessus de nos têtes, plus de 150 millions de débris tournent en permanence autour de la Terre, à une vitesse de 7km par seconde. À tout moment, ils risquent de percuter d’autres satellites, de mettre en péril des missions spatiales ou même de retomber dans des zones habitées. A terme, ce phénomène en constante expansion pourrait bien compromettre notre exploration de l’espace en le rendant tout simplement inaccessible. Dans « Alerte en orbite, la menace des débris spatiaux », Liza Fanjeaux nous emmène aux quatre coins de la planète pour rencontrer ceux qui étudient et se mobilisent pour enrayer ce phénomène…
Agathe Alabouvette

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La « banlieue de la Terre » polluée

Des morceaux de fusée de plusieurs tonnes, des éclats de métaux de quelques millimètres, des satellites cassés… Une drôle de barrière brune est apparue “en banlieue” de notre planète bleue. Le résultat de 60 années d’activité humaine dans l’espace.
« Longtemps, on ne s’est pas préoccupé de l’après, on a tout laissé là-haut » explique Christophe Bonnal, ingénieur français, spécialiste des débris spatiaux depuis 40 ans. Exemple à l’appui : Le premier satellite de l’histoire, Spoutnik, lancé le 4 octobre 1957, est aussi devenu le premier débris spatial. Après 21 jours de fonctionnement, les batteries de voitures qui lui ont servi de propulseur, se sont arrêtées et le satellite a été abandonné.

Aucune règle internationale ne régule l’accès à l’espace et son usage. Chaque pays, chaque acteur privé peut donc y envoyer ce qu’il veut, sans avoir à rendre de compte. Un état de fait problématique. Ces dernières années, la destruction d’un vieux satellite, par la Chine, en 2007, et la collision d’un satellite américain avec un ancien satellite russe, en 2009, ont été « si violents qu’ils ont multipliés par deux le nombre de débris dans l’espace » raconte Walt Everetts, vice-président de la société américaine Iridium Communication, propriétaire du satellite américain percuté.

« La prolifération des débris pourrait rendre impossible l’exploration de l’espace proche » 

Les débris sont aujourd’hui sous haute surveillance, observés en permanence par l’armée américaine ou le Centre National d’Etudes Spatiales de Toulouse. Dix à vingt fois plus rapides qu’une balle tirée par un fusil de chasse, chaque collision génère de gros dégâts : mise à l’arrêt de satellites indispensables au trafic maritime ou militaire et à l’utilisation d’Internet, compromission des sorties spatiales des astronautes de l’ISS et même de possible retombées pour les débris les plus bas, sur la Terre.
Si ce risque est rare, il pourra devenir plus fréquent si le phénomène s’accélère. Les nouveaux débris générés, augmentent eux-mêmes la probabilité de collision. A terme, leur prolifération pourrait rendre « impossible l’exploration de l’espace proche » car trop dangereuse, explique Darren McKnight, ingénieur à Leolab.

Filets de capture, lasers et robots pour dépolluer l’espace

Une course contre la montre est engagée pour enrayer ce cercle vicieux. A Tenerife, deux ingénieurs travaillent sur un laser qui permettrait de dévier de quelques centimètres la trajectoire des débris. Des filets de capture, des harpons, des voiles installées sur les satellites pour ralentir leur course sont aussi à l’étude. En Suisse, l’entreprise Clearspace planche sur un premier robot articulé à quatre bras, capable de capturer les plus gros débris. Une solution à 100 millions d’euros, pour déplacer un seul objet – « mais dans le domaine de la conquête spatiale, les premières fois sont souvent nécessaires » rappelle le directeur de Clearspace, Luc Piquet.

Vers des pratiques plus durables

« A quoi ça sert de nettoyer si la pollution ne diminue pas ? » A Amsterdam, Luisa Innocenti, de l’ESA appelle les acteurs de l’aérospatial à repenser le problème à la racine, dès la conception et le lancement des satellites pour aller vers des pratiques plus durables.
Une démarche suivie par le groupe Thalès, qui a mis au point un satellite « capable de revenir sur terre en 10 jours au lieu de 25 ans, lorsqu’il atteint ses réserves de carburant », explique l’ingénieure française Sabrina Andiapanne.
La France est aujourd’hui le premier et unique pays a avoir voté une loi pour éviter la prolifération des débris spatiaux. Le documentaire l’assure : Dépolluer l’espace sera l’un des plus grands enjeux technologiques de notre siècle pour qu’il reste accessible aux jeunes générations.

Retrouvez le documentaire « Alerte en orbite, la menace des débris spatiaux » jeudi 2 janvier à 22h sur Public Sénat et en replay ici.

Dans la même thématique

comaneci
5min

Culture

Nadia Comaneci, jeune femme éprise de gymnastique et de liberté

Gymnaste prodige, elle est rentrée dans l’histoire en obtenant pour la première fois un 10 aux barres asymétriques, lors des Jeux Olympiques de Montréal, en 1976. Puis une seconde fois, en prenant la fuite pour les États-Unis, pour échapper à l’une des dernières dictatures d’Europe de l’Est, la Roumanie. Dans le documentaire diffusé par Public Sénat « Nadia Comaneci, la gymnaste et le dictateur » réalisé par Pola Rapaport, l’athlète se raconte. Sa carrière de gymnaste, son adolescence sous Ceausescu, les conditions de sa fuite. Un récit intimiste, qui brosse le portrait d’une jeune femme éprise de gymnastique et de liberté.

Le

Paris: Vincent Labrune Re-Elected President of The Professional Football League
6min

Culture

Salaire du président, élections verrouillées, budget des clubs : les révélations du Sénat sur la Ligue de football professionnel

Série. L’année 2024 s’achève, l’occasion de revenir sur les travaux législatifs marquants du Sénat. En avril dernier, une commission d’enquête était lancée sur la financiarisation du football, après le rachat de parts de la Ligue par un fonds d’investissement luxembourgeois. Six mois d’auditions et un contrôle dans les locaux de la ligue plus tard, les sénateurs ont livré leurs découvertes le 30 octobre dernier dans un rapport cinglant.

Le

NDP 6
3min

Culture

Notre-Dame de Paris, l’année décisive qui a suivi l’incendie

Le 15 avril 2019, le choc fut mondial. La cathédrale Notre-Dame de Paris brûlait devant nos yeux impuissants et sidérés. Une fois le feu éteint grâce à des pompiers d’un courage hors-normes, un autre chantier titanesque s’ouvrait, celui de la consolidation de l’édifice avant la reconstruction. Quelques semaines après sa réouverture en grande pompe, dans le documentaire « Sauver Notre-Dame », Quentin Domart, Charlène Gravel et Michèle Hollander nous font revivre l’année qui a suivi le drame, cette année à haut risque de travaux minutieux et périlleux qui déterminait l’avenir du monument. Mois après mois, presque jour après jour, médusés et parfois inquiets, les réalisateurs filment les opérations menées par les architectes et les ouvriers les plus expérimentés du pays.

Le

Delon 5
4min

Culture

Delon : « Il avait un regard animal, une beauté agressive »

Il était l’icône du cinéma français, son regard bleu acier transperçait l’écran mais aussi le cœur des femmes et en particulier de celles qui jouaient à ses côtés : Romy Schneider, Mireille Darc et beaucoup d’autres. Dans « Alain Delon : La beauté du diable et les femmes » le réalisateur Antoine Lassaigne nous plonge dans l’univers complexe d’un des plus grands acteurs français. À travers une série d’entretiens, de témoignages et de séquences d’archives, le film brosse le portrait d’un homme fragile, solitaire mais aussi redouté par les metteurs en scène.

Le