Delon 5

Delon : « Il avait un regard animal, une beauté agressive »

Il était l’icône du cinéma français, son regard bleu acier transperçait l’écran mais aussi le cœur des femmes et en particulier de celles qui jouaient à ses côtés : Romy Schneider, Mireille Darc et beaucoup d’autres. Dans « Alain Delon : La beauté du diable et les femmes » le réalisateur Antoine Lassaigne nous plonge dans l’univers complexe d’un des plus grands acteurs français. À travers une série d’entretiens, de témoignages et de séquences d’archives, le film brosse le portrait d’un homme fragile, solitaire mais aussi redouté par les metteurs en scène.
Rebecca Fitoussi

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« Sa présence est tellement forte ! La rencontre avec Alain Delon est inoubliable ! » Les mots de la comédienne Cyrielle Clair donnent le ton dès le début du film : Alain Delon ne laissait personne indifférent, femmes et hommes confondus ! Renversant, magnétique, irrésistible… Tous ceux qui l’ont côtoyé et qui témoignent dans ce documentaire sont unanimes. Alain Delon, l’acteur au charme ravageur, a conquis plusieurs générations de spectateurs et brisé bien des cœurs.

Sa relation passionnelle avec les femmes du cinéma

C’est ce que le film souligne avec le plus de force, l’une des facettes les plus marquantes de la carrière de Delon : sa relation singulière avec les femmes. Dès ses premiers rôles, Delon est entouré de grandes actrices. De Romy Schneider, sa complice et son amour tragique, à Mireille Darc, sa muse des années 70, en passant par les nombreuses autres comédiennes qui ont partagé l’écran avec lui, toutes témoignent de l’aura inégalée de l’acteur.

Mais loin d’être seulement un physique attirant, l’homme captivait par l’intensité de son jeu et par son intelligence. « Il n’est pas si beau qu’on le dit et il est beaucoup plus intéressant qu’on le pense » résume Nathalie Delon. Sensible, hautement romantique, à la fois amoureux et tourmenté, le film ressort des archives savoureuses où Delon et ses partenaires livrent des instants doux d’intimité et de complicité, mais aussi des scènes où l’acteur montre une facette plus sombre, celle de l’homme seul, pris dans ses doutes et ses contradictions.

Un homme fragile et solitaire

Si le film de Lassaigne rend hommage à la légende Delon, il ne se contente pas de le glorifier. Il nous dévoile un homme fragile, torturé par ses choix de vie et par son image publique. Alain Delon, le géant du cinéma, est aussi un homme qui a souffert : l’abandon de sa mère quand il a 8 ans, la guerre d’Indochine où il connaîtra de près le sentiment de peur, ses relations amoureuses tumultueuses et ses deuils personnels… Autant d’événements que le film rappelle et qui apportent un regard nouveau sur l’homme et son personnage, entre ombre et lumière, rempli de doute. Un Delon parfois en retrait et qui, malgré sa carrière et sa célébrité, est finalement resté en marge des grandes célébrations de son époque.

Un mythe redouté par les réalisateurs

Si Delon a su captiver les spectateurs et ses partenaires de vie et de plateaux de cinéma, il est aussi, et c’est encore une autre facette de lui dévoilée dans ce documentaire, un acteur que certains metteurs en scène redoutaient. Ils témoignent. « On ne peut pas imposer une direction d’acteur à Delon » confie Jacques Deray, « les techniciens avaient peur de ses réactions » nous dit Georges Lautner.  Lassaigne met en lumière la relation à la fois respectueuse et conflictuelle qu’il entretenait avec certains réalisateurs, entre admiration et confrontation.

Alain Delon, entre mythe et réalité

Aimé ou redouté, Alain Delon est décrit dans ce film comme un personnage plus nuancé et plus humain qu’il n’y paraît. « Alain Delon : La beauté du diable et les femmes », un portrait intime et fascinant d’un homme complexe, où se mêlent beauté, fragilité, et questionnements existentiels. Un film qui parvient à capturer l’essence d’un homme qui reste, encore aujourd’hui, un des plus grands mythes du cinéma français, une légende qui à bien des égards, demeure encore une énigme.

Retrouvez le documentaire « Alain Delon, la beauté du diable et les femmes » lundi 23 décembre à 17h30 sur Public Sénat et en replay ici.

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