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« Dans le bistrot de mes parents, j’ai vu aussi bien la misère morale que physique » se souvient Pierre Perret.

Depuis 60 ans, avec ses chansons douces amères, il pose un regard critique sur nos sociétés. Et si certains disent que son style est naïf et que ses paroles sont enfantines, lui a toujours eu le sentiment d’alerter sur les travers de la société. Cette semaine, Pierre Perret est au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission d’entretien Un monde, un regard.
Stella Naville

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Rares sont ses chansons qui n’ont pas suscité la polémique. Censuré, critiqué, Pierre Perret ne s’est pourtant jamais empêché de poser son regard doux acide sur nos faiblesses et nos lâchetés. « Je n’ai jamais suivi aucune directive de personne ni aucune mode. L’indépendance dérange toujours. Lorsqu’on n’appartient pas à une école, on devient suspect ». Voilà ce que répond Pierre Perret lorsqu’on lui demande pourquoi, selon lui, ses chansons échappent rarement aux critiques.

Des titres pour alerter

Gare à ceux qui verraient en Pierre Perret un chanteur lisse. Il suffit de réécouter ses chansons pour se rendre compte que derrière chaque refrain se cache une critique, un bon mot ou une rime qui dénonce nos errements, nos manquements à notre humanité. Violences faites aux femmes, urgence climatique, se plonger dans ses textes révèle l’acuité de son regard. Avec des dizaines d’années d’avance Pierre Perret dénonçait ainsi l’urgence climatique avec des titres comme Donnez-nous des jardins ou encore Vert de colère. « Quand j’ai proposé mes textes aux programmateurs de radio, ils me demandaient tous pourquoi j’écrivais à ce sujet. Ils estimaient que ça n’intéressait personne. J’ai fait partie des premiers à lancer des cris d’alertes à propos de l’urgence climatique » raconte-t-il.

Une enfance à hauteur de bistrot

Un regard facétieux et plein de malice sur l’humanité, que Pierre Perret a hérité de son enfance passée dans le bistrot de ses parents, gérants du café du pont près du Canal du Midi du côté de Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne. Fils de Maurice et de Claudia, c’est là-bas que Pierre Perret estime avoir tout appris. « Pour moi, tout a démarré au café du pont. Là-bas, j’ai vu aussi bien la misère morale que physique. J’y ai aussi vécu l’occupation puisque la caserne des Allemands était à un kilomètre du café de mes parents ».

Un lieu central dans la vie de l’artiste qui lui a inspiré bon nombre de chansons et notamment celle intitulée À cause du gosse qui dénonce les violences conjugales. Un titre censuré à la radio seulement trois jours après sa sortie en raison des lettres de protestation envoyées par les auditeurs. « Les couples qui se tapent sur la gueule, ils n’aiment pas qu’on leur dise d’arrêter. Dans le café au bord du Canal du Midi je ne compte pas le nombre de femmes que j’ai vu venir chercher leurs maris, accrochés au bar et se faire gifler devant tout le monde ». De cette violence, l’enfant en fait des chansons.

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

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