Salon de l’agriculture : Emmanuel Macron veut « un prix plancher » pour les denrées agricoles qui fait déjà polémique

Au cours d’un débat improvisé avec les agriculteurs, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de mettre en place des prix plancher pour la grande distribution. L’objectif est de garantir un revenu minimum aux agriculteurs.
Henri Clavier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Je ne suis pas près de lâcher l’affaire », assure Emmanuel Macron, au milieu des agriculteurs à l’occasion d’un débat sous haute tension. Après l’annulation du débat prévu avec les syndicats agricoles, le président de la République a opté pour un format plus spontané, « à portée d’engueulade ». Alors qu’un agriculteur lui lance : « On ne vous fait plus confiance », Emmanuel Macron tente tant bien que mal de regagner la confiance des agriculteurs. Pour cela, le président de la République a détaillé les mesures déjà annoncées par le Premier ministre avant d’en dévoiler quelques-unes lui-même, notamment les prix planchers.

La droite fustige une « idée socialiste »

 « Il y aura un prix minimum, un prix plancher en dessous duquel le transformateur ne peut pas acheter et en dessous duquel le distributeur ne peut pas vendre », lance le chef de l’Etat face aux agriculteurs. En annonçant des prix planchers pour les denrées alimentaires, le locataire de l’Elysée souhaite s’attaquer à ce qu’il estime être « la mère des batailles », le revenu des agriculteurs. Si la préoccupation du revenu des agriculteurs est partagée par l’ensemble de la classe politique française, le plafonnement des prix risque de diviser.

Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas trompé et a immédiatement salué, sur X (anciennement Twitter) la proposition du président de la République appelant à bloquer les « marges de profit de l’agroalimentaire ».

L’encadrement des prix pour lutter contre l’inflation et les marges réalisées par la grande distribution est une mesure prônée par la France Insoumise depuis 2018. En revanche, la mesure n’a pas bénéficié du même accueil à droite où le chef de file des sénateurs républicains, Bruno Retailleau, a immédiatement fustigé l’annonce.

Pour le sénateur de la Vendée, l’instauration de prix planchers revient à mettre en place un « revenu minimum universel agricole », une « idée socialiste ». Alors que Bruno Retailleau évoquait, plus tôt dans la journée, un « grand n’importe quoi au plus haut sommet de l’Etat », ce dernier estime qu’un prix plancher pourrait créer des écarts importants entre les exploitations. En outre, le sénateur craint des distorsions de marché qui pourraient tuer certaines filières.

« Permettre de garantir justement le revenu agricole »

Si Emmanuel Macron a affirmé qu’il donnerait plus de détails sur les prix planchers « d’ici trois semaines », le président de la République a tout de même expliqué que le prix minimum serait déterminé, filière par filière ». Pour « permettre de garantir justement le revenu agricole », Emmanuel Macron veut limiter les marges réalisées par la grande distribution en déterminant un prix minimum d’achat, calculé à partir d’un indicateur du coût de production propre à chaque filière. Actuellement, beaucoup de producteurs se plaignent d’être écrasés par la grande distribution dans le cadre des négociations commerciales et sont parfois obligés de vendre en dessous du prix de revient.

Dans la même thématique

Toulouse Manifestation contre l’autoroute A69. Demonstration against the A69 freeway
4min

Environnement

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet

Après la décision du tribunal administratif de Toulouse d’annuler l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, les réactions politiques sont vives. A droite, certains qualifient cette décision de « ubuesque » tandis que d’autres saluent « un grand pas en avant » pour la cause écologique.

Le

Salon de l’agriculture : Emmanuel Macron veut « un prix plancher » pour les denrées agricoles qui fait déjà polémique
3min

Environnement

Loi agricole : « Le gouvernement cède à une forme de populisme », déplore Olivier Faure

La loi d’orientation agricole a été adoptée par le Parlement le 20 février. Un texte plutôt bien accueilli par les exploitants, mais très critiqué par la gauche. « Après l’agribashing, on a maintenant l’écologie-bashing », fustige Olivier Faure ce mercredi 26 février. Le Premier secrétaire du Parti socialiste regrette que le gouvernement mène selon lui « un combat contre la norme, de tout ce qui est de l’ordre de la régulation, contre la science elle-même ».

Le

Salon de l’agriculture : Emmanuel Macron veut « un prix plancher » pour les denrées agricoles qui fait déjà polémique
3min

Environnement

« L'OFB, il faut dire stop : ils sont allés trop loin », tacle de nouveau Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez vise de nouveau l’Office français de la biodiversité (OFB). Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale appelle à dissoudre l’agence, quelques semaines après avoir décrit ses fonctionnaires comme « une coalition d’idéologues ». « Des agents qui contrôlent les agriculteurs avec un pistolet à la ceinture, ce n’est pas acceptable », a-t-il lancé ce mercredi 26 février, durant sa visite au Salon de l’Agriculture.

Le

Salon de l’agriculture : Emmanuel Macron veut « un prix plancher » pour les denrées agricoles qui fait déjà polémique
4min

Environnement

Néonicotinoïdes : « On ne peut plus accepter dans notre pays de commercialiser des produits dont on interdit la production en France », demande Françoise Gatel

Le Sénat a adopté fin janvier une proposition de loi qui autorise de nouveau l’usage d’une famille des néonicotinoïdes, ces pesticides nocifs pour les pollinisateurs. Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité, appelle à « engager des solutions avant de lancer trop d’interdictions » pour les agriculteurs sur ce type de problématiques. Elle dénonce un « agribashing » de la part d’associations écologistes envers les producteurs, accusés selon elles de « ne pas être assez écolos ».

Le