"Elle était dans quel camp l’humiliation?" demande mercredi, dans un entretien au Monde, l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, réagissant très vivement aux propos d'Emmanuel Macron selon lesquels les opposants au mariage homosexuel ont été "humiliés".
"Qui a été humilié? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins? Celle qui recevait des menaces de mort? Celle sur qui on lançait des œufs?" interroge celle qui a porté la loi du mariage pour tous.
"A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendus et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient", poursuit l'ancienne ministre.
"Les agressions physiques homophobes, c’est la Manif pour tous qui les a supportées? Les insultes homophobes (...) Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d’+enfants Playmobil+. Elle était dans quel camp l’humiliation?" demande encore Christiane Taubira.
L'expression "enfants Playmobil" a été utilisée en 2013 par le député UMP Jacques-Alain Bénisti lors d'un débat sur la possibilité d'ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes homosexuelles.
Dans une interview publiée jeudi dernier par L'Obs, Emmanuel Macron avait estimé que les adversaires du mariage homosexuel avaient été "humiliés" lors du quinquennat de François Hollande car on ne leur avait pas suffisamment "parlé".
Le candidat d'En Marche! à la présidentielle avait fait un mea culpa deux jours plus tard. "Par sa réaction à mon propos, la communauté homosexuelle m’a rappelé que ses plaies sont encore à vif. Qu'elle a été humiliée, violentée, blessée par un processus qui aurait dû être un soulagement mais a tourné à l'affrontement", avait-il notamment indiqué.