La politique budgétaire et fiscale menée par le gouvernement sous l'égide du président de la République est "clairement de droite", dénonce l'ancien ministre socialiste de l'Economie et des Finances Michel Sapin dans une interview à paraître samedi dans le quotidien régional La Nouvelle République.
"Cette politique budgétaire et fiscale est de droite, clairement à droite, et même parfois plus à droite que certains à droite", estime celui qui est désormais simple conseiller municipal d'Argenton-sur-Creuse (Indre).
M. Sapin, qui annonce qu'il va réintégrer le Conseil d'Etat, sonne plus particulièrement la charge sur "le point de la justice fiscale".
"La CSG est un impôt et quand on augmente la CSG, on augmente les impôts. Aujourd'hui, il y a des gens qui ne payent pas de cotisations et qui vont payer la CSG: les fonctionnaires, une partie des retraités. Je ne suis pas contre le fait qu'ils participent à la solidarité nationale mais on ne peut pas dire qu’on va baisser les impôts", a-t-il critiqué.
"On peut demander des efforts mais il faut qu'ils soient justes. J'attends de voir ce qui va se passer pour l’impôt sur la fortune et en particulier pour les très grandes fortunes qui sont financières et non immobilières et qui ne seront plus taxées", prévient-il.
"Il y a enfin la Poll Tax, un impôt sur les revenus du capital. Nous, nous avons fait en sorte que les revenus du capital soient imposés comme les revenus du travail. Et là, on nous explique que les revenus du capital deviendraient forfaitaires. Je vois comme chiffre 30%. Ce qui veut dire que ceux qui rentrent dans la tranche d’imposition à 45% vont descendre à 30%, soit 15% d’économie. De façon plus symbolique, cela veut dire que l’augmentation de la CSG payée par tout le monde ne pèsera pas sur le capital qui en sera exonéré", dénonce-t-il.
Même si M. Sapin, 65 ans, annonce qu'il ne briguera plus de mandat, il dit se tenir "à la disposition" de la nouvelle génération. "Le passage de relais est venu. Une autre génération est arrivée et comme je suis un homme de l'intérêt général, je me tiens à sa disposition", assure-t-il.
"Je suis membre du PS depuis 1974. Je ne vais pas arrêter aujourd'hui. La gauche est fracturée, la gauche responsable, réaliste, est très affaiblie. Affaiblie mais pas disparue", dit-il. "Depuis deux siècles, le PS a connu des épisodes difficiles mais s'en est toujours remis. Tant que ma parole intéressera, je peux aider à cette compréhension, j’ai cette capacité à proposer", déclare-t-il encore.