Alors que l’examen du projet de réforme des retraites est toujours en cours au Sénat, la cinquantaine de députés LR nécessaire à l’adoption du texte sera-t-elle au rendez-vous ? Sur une réforme que la droite réclame depuis des années, le maire LR de Meaux Jean-François Copé « ose espérer que les élus qui marquent aujourd’hui une opposition à ce texte comprendront que leur position personnelle est contradictoire avec l’engagement de la famille politique à laquelle ils appartiennent ». Les Républicains, loin du pouvoir depuis 2012, se verraient bien en faiseurs de rois : « La droite se grandit en étant un des acteurs clé de cette réforme », se réjouit Jean-François Copé. Pour l’ancien président de l’UMP, il est normal qu’il y ait, au sein de la droite, « des nuances et des idées un peu différentes. Le vrai sujet, c’est entre ceux qui vont voter le texte et ceux qui ne vont pas le voter ».
Et plus que tout, c’est l’attitude d’Aurélien Pradié qui crispe à LR. En rencontrant ce mercredi matin le patron de la CFDT Laurent Berger, l’élu du Lot s’est attiré les foudres de Jean-François Copé : « Il veut mettre en difficulté sa famille politique ». Et d’ajouter que « même les gens qui sont hostiles (à la réforme, ndlr) ne peuvent pas se reconnaître dans ce type de démarche. Ce n’est pas estimable parce qu’on voit bien que c’est un calcul ». « On n’a pas besoin de ça en plus », tranche le maire de Meaux, qui reproche à l’ancien numéro 2 du parti de « choisir des combats qui sont en contradiction totale avec notre philosophie politique ».
« 80 % d’amendements stupides »
Dans la nuit du 7 au 8 mars, pendant l’examen de l’article 7 de la réforme des retraites, c’était la bronca au Sénat. Après que la majorité sénatoriale a décidé d’accélérer les débats par l’application de l’article 38 du règlement intérieur du Sénat et de réécrire l’amendement de la commission des affaires sociales, la gauche a quitté l’hémicycle. Sans vote de l’article 7. « C’est la conséquence de l’obstruction », résume Jean-François Copé. « Quand un groupe parlementaire dépose 1000 ou 2000 amendements et que vous les feuilletez, vous comprenez que 80 % d’entre eux sont stupides. Ils ne sont faits que pour retarder et faire durer », dénonce le maire de Meaux, qui plébiscite le « parlementarisme rationalisé », ces techniques de droit constitutionnel qui permettent d’éviter l’instabilité gouvernementale, et ici, « l’obstruction » par l’opposition. « Un grand débat sur un temps contrôlé mais où chacun a le temps de s’exprimer et de dire les choses est infiniment plus intéressant pour l’opinion publique », considère l’ancien président de l’UMP.
« Faire preuve de fermeté »
3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues le 7 mars, selon la CGT. 1,28 million, selon le ministère de l’Intérieur. Philippe Martinez et Laurent Berger ont évoqué une « mobilisation historique ». Jean-François Copé, lui, perçoit plutôt « une sorte de fatalisme » et constate « une baisse assez significative de grévistes partout par rapport au pic du 19 janvier ». Et d’ajouter que « les Français sont en train de passer à autre chose, au fond d’eux ». Mais les syndicats ont appelé à deux nouvelles journées de mobilisation, dont une dès le 11 mars, et une grève reconductible s’installe dans certains secteurs. « S’il devait y avoir des blocages massifs sur les routes, les ronds-points, les autoroutes ou les dépôts de carburants, il faudra qu’Emmanuel Macron fasse preuve de fermeté dans l’hypothèse d’une radicalisation », assume Jean-François Copé.
Le bras de fer entre les syndicats et l’exécutif se poursuit et l’intersyndicale a demandé le 7 mars au soir à être reçue par Emmanuel Macron. Jean-François Copé incite le chef de l’Etat à accéder à leur requête : « Quand on est président de la République, on ne doit jamais refuser de recevoir des gens qui vous demandent audience. » Pour le maire de Meaux, recevoir les partenaires sociaux ne signifie pas céder, mais « les entendre et peut-être essayer de les convaincre ».