Triste coïncidence d’emploi du temps, le jour de la fusillade meurtrière de Strasbourg les eurodéputés étudiaient le rapport de la commission spéciale sur le terrorisme. Au lendemain, le 12 décembre, ils ont voté en majorité ce rapport (474 voix pour, 112 contre et 75 abstentions). Ce texte aborde de nombreux thèmes liés à la lutte antiterroriste en Europe et notamment la question de la collaboration étatique.
Aller plus loin
À la suite de cette attaque, de nombreux eurodéputés souhaitent aller plus loin dans la coopération, mais pour l’eurodéputé Arnaud Danjean, même s'il y a encore du travail à fournir en matière de coopération, les pays européens travaillent déjà main dans la main : « Vu de l’intérieur, les professionnels coopèrent. Que ce soit en matière de renseignement, de justice ou de police, il y a une coopération intensive, il y a des personnes de nos services français qui font ça vingt-quatre heures sur vingt-quatre, coopérer avec leur homologue étranger et en particulier européen. Donc la coopération est sans doute beaucoup plus intense que ce qu’on admet publiquement, mais c’est vrai qu’on peut renforcer certains instruments. »
La détection du passage à l'acte
Europe Hebdo : « Vu de l’intérieur, les professionnels coopèrent » selon Arnaud Danjean
Au niveau européen, plusieurs pistes sont avancées pour améliorer la sécurité en Europe : une amélioration des moyens de communication des données, une plus grande attention au programme de déradicalisation, ou encore une coopération plus grande avec les pays hors de l'Union européenne. Même si toutes ces mesures peuvent permettre de réduire encore le champ d’action des terroristes, Arnaud Danjean met en garde sur nos limites : « Sur un cas comme celui auquel on est confronté aujourd’hui le problème ce n'est pas celui de la coopération internationale, le problème c’est celui de la détection du passage à l’acte. Et la détection du passage à l’acte vous pouvez avoir la meilleure coopération que vous voulez avec les Allemands, les Italiens ou qui sais-je encore, ce type de Strasbourg qui a décidé un matin de passer à l’acte, je crains que ce ne soit ni la NSA, ni les services italiens, ni néerlandais, qui soient en mesure de vous l’indiquer. Donc il faut comprendre que la difficulté qu’on rencontre aujourd’hui, c’est ce moment où des personnes généralement repérées à un degré ou à un autre passent à l’acte. Et cela veut dire que c’est de l’entrave quasiment physique qu’il faut faire et une surveillance là aussi quasiment physique donc c’est quelque chose d’extrêmement lourd à mettre en place. » Le problème des effectifs est pour lui la limite à laquelle la France se heurte, 20 000 noms sont aujourd’hui présent sur les listes des fichés S, « Aujourd’hui, on va très rapidement ce heurté à des limites physiques » déplore l’eurodéputé.
Même si la collaboration européenne va continuer et se renforcer, sur la lutte antiterroriste Arnaud Danjean reconnaît que « le 100 % d'invulnérabilité n'existe pas et il n'existera jamais ».