Politique
Grève des cheminots : faut-il relancer le débat sur l'encadrement du droit de grève ?
Le pont du 8 mai c’est déjà la semaine prochaine.. et pour les voyageurs qui empruntent le rail, le trajet s’annonce peut être un peu plus long que prévu. Des préavis de grève ont été déposés entre le 5 et le 11 mai par les syndicats SUD-Rail et CGT Cheminots. Si la question de l’encadrement du droit de grève des cheminots se pose à chaque action, cette fois-ci, la donne est un peu différente. Le ministre des Transports est particulièrement favorable à un encadrement, voire, à une interdiction totale du droit de grève sur certaines périodes ( vacances, jours fériés ) pour les cheminots. Souvenez-vous, il y a un peu plus d’un an Philippe Tabarot (LR) était sénateur. A l’époque il était le rapporteur de la proposition de loi portée par le sénateur centriste, Hervé Marseille, qui ouvrait la possibilité de suspendre le droit de grève pendant les heures de pointe (de 6 h 30 à 9 h 30 le matin et de 17 heures à 20 heures le soir) et ce, pendant 7 jours consécutifs maximum. Le texte allait même plus loin, puisqu’il autorisait le gouvernement à interdire temporairement, par décret, le droit de grève pendant 30 jours par an. Une proposition de loi en attente de repreneur Déposée à l’Assemblée nationale le 14 février 2024, la proposition de loi avait été adoptée en première lecture au Sénat le 9 avril 2024, avant d’être retransmise à l’Assemblée nationale en juillet. Mais depuis, le texte n’a pas été rééxaminé. Le gouvernement de l’époque n’y étant pas très favorable. Mais dissolution oblige, les cartes ont été redistribuées et bien que le ministre des Transports ne souhaitait pas en faire “son cheval de bataille” comme précisé en janvier 2025 sur Europe 1, il rappelait tout de même à cette occasion : “Si des députés s’emparent du texte, je les soutiendrai, conformément à mes convictions.” Des propos qu’il confirmait le 18 avril sur la même antenne, ajoutant que si la grève n’était pas évitée dans les prochains mois ou les prochaines années, “je ne vois pas comment on ne passerait pas autour de cette proposition de loi.” Invité sur RTL jeudi 24 avril, le ministre des Transports a mis en garde les voyageurs, “le mois de mai s’annonce difficile”. Des usagers qui n’avaient pas attendu cette déclaration pour s’organiser, plus de 50% des billets ont déjà été annulés. Philippe Tabarot a sommé les syndicats de “revenir à la raison” Pour rappel, la proposition de loi portée par des sénateurs de droite l’année dernière avait fait bondir les élus de gauche qui avaient dénoncé un texte “dogmatique et idéologique”. “Toutes ces mesures sont anticonstitutionnelles au sens où elles portent atteinte disproportionnellement au droit de grève”, s’était indigné le sénateur communiste Pierre Barros, évoquant une “ligne rouge”. Le sénateur écologiste Jacques Fernique avait quant à lui jugé le texte “inconsidéré, inopportun, inopérant et contreproductif”. L’ampleur de la grève à venir incitera peut-être des parlementaires à dépoussiérer le texte porté par l’ancien sénateur, Philippe Tabarot. Mais dans un hémicycle de l’Assemblée nationale divisé, où le gouvernement n‘a pas la majorité absolue, son adoption semble, pour le moment, compromise.
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